Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/326

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LE BONNET

C’est pour notre repos que les cœurs sont cachés :
Jouissons de notre ignorance.
Nous serions tous bien empêchés,
Si l’on nous parloit comme on pense.
Certaine fée un jour étoit souris.
C’étoit la fatale journée
Où l’ordre de la destinée
Lui faisoit prendre l’habit gris.
Un chat qui la guétoit alloit croquer la fée.
Certain homme le vit : soit caprice ou pitié
Il court après le chat, lui fait manquer sa proye.
Au diable le matou l’envoie ;
Mais aussi la souris le prit en amitié.
Le lendemain elle apparut à l’homme,
Non plus souris, mais déesse ; autant vaut,
Tu m’as sauvé le jour, commence-t-elle, il faut
Te payer du bienfait : le mieux, c’est le plûtôt.
De Doucette, car c’est ainsi que l’on me nomme,
Cœur ingrat n’est point le défaut.
Demande donc, et souhaite à ton aise ;
Je puis tout ; tu n’as qu’à parler.