Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/327

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Eh bien, dit l’homme, qu’il vous plaise,
M’ouvrir les cœurs, me révéler
Tout ce que les gens ont dans l’ame.
Soit, j’y consens, lui dit la dame.
Tu n’as qu’à prendre ce bonnet :
Il est fée, et tu vas voir les gens à souhait.
Ils ne te diront plus ce qu’ils croiront te dire ;
Mais bien tout ce qu’ils penseront.
Tu les verras tels qu’ils seront.
Grand bien te fasse ; adieu, je me retire.
Voilà bien-tôt notre homme et son bonnet
Parlant aux gens. J’en aurai le cœur net,
Se disoit-il ; je verrai ce qu’on pense.
C’est par sa femme qu’il commence.
Le bonnet de joüer son jeu.
Que je te hais, dit-elle en embrassant le sire !
(contraste assez plaisant du faire avec le dire) :
Oüi, je te hais, et non pas pour un peu ;
Sur tout depuis que j’aime Alcandre.
Ah ! Que la mort tarde à me rendre
Le service de t’emporter !
Pour peu qu’elle me fasse attendre,
Je n’y pourrai plus résister :
Mon amant presse ; il faudra bien se rendre :
(le tout en le flattant ; c’est ce qu’il faut noter.)
La bonne épouse ainsi connuë,
Le pere parle à ses enfans.
En dépit d’eux leur bouche est ingénuë :
Ils attendent ses biens qu’il garde trop long-tems.
Ainsi l’homme