Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/339

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Le pauvre homme prenoit pour garand de sa gloire
L’étoile et non pas sa vertu,
Ce jour là cependant trouvant sur son passage,
Les ennemis mal postés, peu nombreux ;
Profitez de votre avantage,
Dit un ami, fondez sur eux,
Vous les tenez : êtes-vous sage !
Repondit le héros, c’est un jour malheureux !

Nous les battrons demain. Quoi demain ! Quand la force
Par vingt secours reçus sera de leur côté !
Tant mieux, à ma valeur le danger sert d’amorce ;
Nous les battrons demain ; le sort en est jetté.

L’ami s’obstine et lui fait honte,
Du délai superstitieux ;
Quoi donc, ce sont les jours qui sont victorieux,
Et non pas vous ! Belle gloire à ce compte ?
J’en rabats bien : ainsi piqué d’honneur,
Pour un moment le héros se surmonte,
Attaque l’ennemi, qui payant de valeur,
Fait renaître bien-tôt en celui qui l’affronte,
Ce vain vain fantôme de malheur,
Tant de résistance l’étonne.
Falloit-il combattre aujourd’hui,
Dit-il, il se confond et croit voir en personne
Le destin irrité décidant contre lui.
Il décide en effet, son trouble,
Qui d’instant en instant redouble,