Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/343

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Fuis vîte, ce mur va tomber.

Le voleur s’éveillant quitte aussi-tôt la place ;
C’est le plus sûr, tel se mocque des dieux,
Qu’on voit à la moindre menace
Devenir superstitieux.
Le mur tombe pourtant. ô la bonne fortune !
Dit le larron, j’étois du moins estropié.
Voilà mon vol ratifié !
Les dieux sont bonnes gens, ils n’ont point de rancune.
Avec ces beaux pensers, poursuivant son chemin,
Il alloit traverser une forêt obscure.
Échappe encor à ton destin,
Lui dit la voix du songe, ici ta mort est sûre.
Si tu passes dans la forêt,
Un essain de voleurs épiant la capture
À t’assassiner est tout prêt.
Le mur tombé, cautionoit l’augure.
Le larron passe ailleurs en maudissant vingt fois
Ces barbares tyrans des bois,
Qui sans humanité, sans aucune justice,
Font litiére du bien d’autrui.
Les gens sont bien méchans ! Comme va la police !
On ne sçauroit voyager aujourd’hui :
La police pourtant fut trop bonne pour lui.
Des archers le cherchoient et ces détours le menent
Tomber tout droit entre leurs mains.
Ils vous le garotent, l’entraînent ;