LE VOLEUR ET APOLLON
Un scélérat un jour trouvant sa belle,
Ayant guêté longtems sur l’autel d’Apollon,
Coupes et vases d’or, de la sainte vaisselle,
S’avisa de se faire un don :
Prenons ceci, dit-il, nous en battrons monnoie ;
Le dieu s’en passera plus aisément que moi ;
Je suis pauvre, il est riche ; il vit la haut en roi,
Tandis qu’ici j’ai disette de joie ;
Il faut m’en acheter, et voici bien de quoi.
Aurois-je peur qu’il ne chômât d’offrande ?
Il demeuble l’autel en raisonnant ainsi :
Puis ; s’échappe disant, seigneur Dieu, gram-merci :
Vous êtes bon, que le ciel vous le rende.
Chargé de ce butin nouveau,
Le voleur fuit, gagne la plaine,
Courant toûjours, tant que sous le fardeau,
Il succombe, s’arrête, et pour reprendre haleine,
S’endort au pied d’un mur, reste d’un vieux château.
Apollon lui paroît en songe ;
Au plus pressant péril je viens te dérober ;
Reveille-toi, fuis, ce n’est point mensonge ;
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