Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/347

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LES FOUS

Hostes forcés d’un hôpital,
Une folle et trois fous vivoient de compagnie ;
Ils n’étoient point à part ; telle étoit leur folie
Qu’il n’en pouvoit entr’eux arriver aucun mal.
La folle bossue et boiteusse,
Mais se trouvant à cela près
Bonne provision d’attraits,
Déploroit son destin : princesse malheureuse,
Le fils d’un roi l’aimoit, mais le pere tyran,
Troubloit cette flâme amoureuse :
Captive depuis plus d’un an,
Elle ne sçavoit où ni quand
Revoir le seul objet dont elle est désireuse.
Un des trois fous, soldat estropié,
Chevalier errant de manie,
Prenoit la princesse en pitié,
Consolez-vous, dit-il, belle briolanie :
Pour reparer les torts je suis né, dieu merci.
Envain un enchanteur me tient captif ici ;
Les charmes n’ont qu’un terme, après ma délivrance,
Je vous promets le trône et votre amant.
Vous avoir pû servir sera ma récompense,