Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/378

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C’est son épouse et son amie
Que vient d’immoler sa fureur.
L’une près de l’autre endormie
Au retour d’un long bal, elles ne pensoient pas,
Que leur sommeil touchoit à leur trépas.
Il demeure éperdu, de douleur immobile
Quoi ! Tu meurs ! Et c’est moi qui te donne la mort !
Il appelle Dubois, va chercher Théophile ;
Qu’il vienne ; je l’attends pour décider mon sort ;
Ne lui dis rien de plus ; Dubois fait son message,
Et Théophile d’accourir ;
Il arrive : voi mon ouvrage,
Dit le désesperé ; voi l’effet de ma rage,
Elle meurt ; et c’est moi, moi, qui la fais périr !
Cruelle erreur ! ô malheureux voyage,
Adieu donc, cher ami ; je n’ai plus qu’à mourir,
Théophile se fait expliquer l’avanture.
Le tout sçu. Fui, dit-il, éloigne-toi d’ici ;
Tien, voilà tout mon or. Non, non, ma mort est sûre.
Veux-tu donc que j’expire aussi,
Va-t’en, va pleurer ta disgrace ;
Nous voilà condamnés à d’éternelles pleurs !
Mais vis du moins pour moi, je te demande grace,
Et n’augmente pas mes malheurs.
L’ami céde à la fin : il sort ; par sa retraite,
Théophile étoit rassuré ;
Lorsque par le bruit attiré,