Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/379

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On monte dans la chambre : une terreur muette
Fait déja soupçonner l’innocent éploré.
Puis le fer tout sanglant, et les deux corps sans vie
Ne laissent plus douter qu’il ne soit criminel.
On le traîne en prison l’affront est solemnel ;
C’est trop peu d’une mort pour cette perfidie ;
Et déja mille voix portent l’arrêt mortel
C’est alors qu’intérêt vient tenter Théophile ;
Cet accident lui donnoit beau,
Decele ton ami, veux-tu donc, imbécile,
Être toi-même ton bourreau ?
Passe encor pour tes jours ; mais immoler ta gloire,
Pourquoi ? Pour un secret que tu n’as pas promis,
Voir deshonorer ta mémoire !
Songe que tes enfans sont tes premiers amis
Théophile loin de les croire
N’écoutoit pas seulement ses amis ;
Fidélité parloit, ses ordres sont suivis.
Il n’employoit à sa défence
Que le oüi, que le non, mais sans rien déceler ;
Les seuls maux de l’absent ébranlent sa constance,
Et son propre péril ne le fait pas trembler.
Il eût enfin subi la mortelle sentence
C’est assez dit justice ; il est tems de parler ;
Intérêt, tu vois ma puissance ;
Pour vos plaisirs irions-nous l’immoler
Non, non, dit intérêt, tu peux tout réveler,