Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/75

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J’en ai fait au moins quatre cens ;
Je les mangerai tous, si dieu me prête vie,
Ma table sera bien servie,
Tant que la canaille vivra ;
Et nous en croquerons autant qu’il en viendra.
Le pelican frémit du discours effroyable ;
Il croit presque voir le soleil
Reculer, comme il fit, en un festin pareil.

Tais-toi, dit-il, tais-toi marâtre détestable.
De tes monstrueux apetits
Étonne la nature, en devorant ta race ;
Je meurs plus satisfait en sauvant mes petits,
Que je ne vivrois à ta place.
Rois choisissez (nous sommes vos enfans)
D’être aragnés ou pelicans.
Codrus sauva son peuple aux dépens de sa vie
Et Néron fit brûler Rome pour son plaisir.
Lequel de l’imiter vous fait naître l’envie ?
Hésiter, ce seroit choisir.