Page:Houde - De cinq à sept, comédie en un acte, Revue Moderne déc 1924.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour cela que je passe pardessus bien des choses… je suis très heureux pour toi… Promets-moi d’attendre mon retour, je passe au Cercle et je reviens. J’ai le pressentiment que tout peut s’arranger. Moi, qui n’ai jamais d’idées, j’en ai une… Tu dînes avec moi au St-Régis, il y a une fête de nuit qu’on ne peut manquer ! C’est le réveillon de Noël, mon vieux, ne l’oublie pas. Musique, fleurs, serpentins, puis, des danseuses ! Henri m’en a présenté deux… Des jambes !… Voyons, de la gaieté, secoue le vieil homme, je te prends en passant, entendu ?

FRED :

(mollement). Non.

ANDRÉ :

Si, si, tu viendras et je te promets une nuit carabinée… (il sort).

FRED :

Brave type que ce joyeux soupeur (marchant) ah ! la revoir enfin chez moi. (il se rend au miroir au-dessus de la cheminée, s’y regarde). Comme j’ai vieilli depuis quelques jours. Moi, aussi, c’est l’hiver qui m’arrive… (il touche légèrement ses tempes grisonnantes) Ah ! mon vieux, c’est ta dernière coquetterie que tu commences… (sonnerie lointaine, nerveux). Jean, Jean, je crois qu’on a sonné, mais dépêchez-vous donc.


Scène III

JEAN :

(il traverse la pièce). Bien, monsieur, j’y cours. (il sort).

FRED :

C’est étrange, je suis tout tremblant… tout ému… cette enfant me trouble…, moi, qui ai l’habitude de parler aux femmes, je crains tout de celle-ci… Il ne serait pas honnête ni élégant de jouer mon rôle de