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MYSTÉRIEUX
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— Monsieur l’intendant, ce que j’ai à vous communiquer m’intéresse si vivement, et je désire tellement que vous soyez favorable à ma demande, que je veux d’abord me justifier de tout ce qui pourrait me nuire auprès de vous. Vous me croyez votre ennemi ?

— N’en ai-je pas quelques motifs apparents ? répondit M. Hocquart en cherchant à maîtriser sa colère.

— Monsieur, vous êtes injuste. Je suis ami de M. le commandant Bégon que l’on nomme votre rival, mais je ne suis ni sa créature ni son partisan. Les intrigues ne conviennent pas à mon caractère. Ne pensez pas, non plus, que mon ancien attachement pour la malheureuse femme de qui je viens vous entretenir, soit la cause de ma démarche auprès de vous. C’est au nom de son vieux père seulement que je viens réclamer votre justice. Je l’eusse fait plus tôt si Joséphine ne m’eût arraché la promesse de ne pas chercher à la défendre contre son indigne époux avant…

— Capitaine DuPlessis, oubliez-vous de qui vous parlez ?

— Non, monsieur, je parle de son indigne époux, je le répète, de celui qui tient une pauvre femme prisonnière, afin, peut-être, d’exécuter des projets criminels. Cela doit cesser. Je parle en vertu de l’autorité d’un père. Joséphine doit être délivrée de toute contrainte. Permettez-moi d’ajouter que l’honneur de personne n’est intéressé autant que le vôtre à ce que l’on fasse droit à de si justes demandes.

L’intendant resta d’abord pétrifié en voyant avec quel sang-froid l’auteur de ses maux se posait en avocat de celle dont il croyait avoir tant à se plaindre. Il fut un instant sans pouvoir répondre, la fureur l’étouffait. Enfin, il dit :

— Je me demande si la verge du bourreau ne vaudrait pas mieux, pour punir un miséra-