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LE MANOIR

— Comment, vieux fou ! il ne s’agit que de reconduire à la Rivière-du-Loup ton ancienne prisonnière.

— Est-ce véritablement tout, Deschesnaux ?

— Oui, tout, et peut-être une bagatelle en sus.

— Ah ! reprit Cambrai, votre pâleur augmente.

— Ne fais pas attention à ma pâleur, Thom ; pense plutôt au manoir et au moulin, qui vont devenir ta propriété. Prends tes hardes et habille-toi vite ; les chevaux sont prêts ; il ne manque que cet infernal vaurien de Lavergne, qui est allé faire une orgie je ne sais où. Mais j’ai recommandé qu’on lui dise de nous rejoindre immédiatement. Allons n’oublie pas tes pistolets. Voyons, partons.

— Et où allons-nous ?

— À la chambre de madame, parbleu ! il faut qu’elle parte de suite. Tu n’es pas homme, je suppose, à t’effrayer de ses cris ?

— Non, si nous pouvons nous appuyer sur quelque texte de l’Écriture. Il est dit : « Femmes, obéissez à vos maris. » Mais les ordres de monsieur nous mettent-ils à couvert, si nous sommes obligés d’employer la force ?

— Tiens, voilà son anneau.

Ayant ainsi répondu aux objections de Cambrai, Deschesnaux se rendit avec lui à la chambre de Joséphine. On peut se faire une idée de l’horreur qu’elle éprouva quand, réveillée en sursaut, — car elle s’était endormie, vaincue par la fatigue et l’émotion, en attendant vainement son mari, — elle vit auprès de son lit Deschesnaux et Cambrai.

— Madame, dit le premier, M. Hocquart vous envoie l’ordre de nous accompagner sans délai à la Rivière-du-Loup. Voici son anneau, que je vous montre comme preuve de sa volonté formelle.