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Page:Houssaye - La Terreur blanche en 1815, paru dans Le Temps, 2, 7 et 9 février 1905.djvu/16

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syndic des boulangers, et son fils, âgé de dix-huit ans, sont liés dos à dos et frappés alternativement jusqu’à la mort à coups de bâtons et de crosses de fusils. L’avocat Anglés, un vieillard de soixante-dix ans, ami de Brune, meurt de la mort lente, percé et tailladé avec des couteaux : « Pas de pitié, dit un élève de l’École de droit : c’est un jacobin ! » On ramène de Cassis, où l’on a suivi leurs traces, trois agents de police ; pour les tuer, on les met nus, ce qui laisse à penser les raffinements de leur supplice. Le menuisier Maret est arraché de son atelier et traîné dans la rue du Tapis-Vert pour y être fusillé ; mais la foule juge plus divertissant de l’assommer à coups de bâton sur la tête. Entre temps, on pille et on saccage les maisons des bonapartistes, des femmes dansent en rond autour des cadavres.

L’après-midi s’avançait, la marée de sang montait toujours. Le comité royal se décida à donner des ordres. Des tombereaux furent commandés pour l’enlèvement des cadavres. La garde nationale sortit de son inaction complice ; des patrouilles dissipèrent les rassemblements. Mais pour protéger les citoyens suspects de bonapartisme ou de jacobinisme, on ne trouva d’autre expédient que de les arrêter et de les conduire au château d’If, où ils restèrent