d’Égyptiens qui avaient émigré en 1801 à la suite de la capitulation du Caire. On les appelait les « mameluks » ; les plus pauvres vivaient d’une modique pension sur la cassette impériale. C’est d’abord sur les « mameluks » que s’acharna la populace. Tous ceux qui n’avaient pas songé à fuir pendant la nuit ou qui ne réussirent point à se bien cacher moururent assommés, sabrés ou fusillés. Une négresse, servante chez des Égyptiens, est assaillie sur le quai Impérial : « — Crie : Vive le roi ! — Non, Napoléon me fait vivre : Vive l’empe… ! » Un coup de baïonnette dans le ventre la renverse. Elle se relève, ses deux mains contre le ventre pour y retenir ses entrailles, et crie : « Vive l’empereur ! » On la pousse dans l’eau immonde du vieux port ; elle s’enfonce, reparaît à la surface et crie encore : « Vive l’empereur ! »
Des Égyptiens, les Marseillais passent aux Marseillais. Ils égorgent des officiers en retraite, des agents de police, des bourgeois, des artisans. Parmi les massacreurs, il y a d’anciens membres du club de Jacobins de 93. Après avoir tué au nom du peuple, ils tuent au nom du roi. Le plaisir est le même. Un ex-concierge de la prison a pu s’enfuir ; on tue à sa place sa femme et ses deux enfants. Terrier,