Nîmes avait Trestaillons ; Uzès avait Quatretaillons. Il avait été soldat, garde champêtre, et, en 1815, miquelet dans l’armée du duc d’Angoulême. Il s’appelait Graffand ; des enthousiastes le surnommèrent Quatretaillons parce qu’il surpassa Trestaillons. Avec une troupe de bêtes féroces à masques d’hommes dont il s’était fait le belluaire, il terrorisa Uzès. « — Tous les bonapartistes, disait-il, protestants ou catholiques, mourront de ma main, y compris les enfants. » Ce matamore tragique s’imposait par la peur aux autorités de la petite ville. Elles le nommèrent ou le laissèrent se nommer capitaine de la garde nationale. Le 5 août, Graffand se présenta à la prison où l’on avait jeté les suspects de bonapartisme, et requit qu’on lui livrât six prisonniers. Le geôlier obéit, car il avait l’ordre verbal du commandant de place, qui tremblait pour soi-même, de ne point résister à la bande de Graffand. Les six hommes furent fusillés sur l’esplanade aux cris de : « Vive le roi ! » « — On ne nous reprochera rien, dit Graffand. Il y avait trois protestants et trois catholiques. » Après l’exécution, les assassins soulevèrent un des cadavres par les cheveux, le mirent à genoux, et lui posèrent des lunettes sur le nez : « — Regarde maintenant, dirent-ils