peuple n’a fait que devancer la loi qui les aurait frappés. » Les victimes étaient des fédérés, des officiers en retraite, des vieux soldats, des protestants riches ou pauvres. À Nîmes, la majorité des calvinistes avaient pris parti pour l’empereur, tandis que presque tous les catholiques étaient demeurés chauds royalistes. Les plus enragés de ceux-ci confondaient dans une même haine bonapartistes et protestants. Mais chez beaucoup de ces carnassiers les rancunes privées avivèrent les animosités politiques et les passions religieuses.
L’un de ces égorgeurs devint fameux, presque illustre. On grava son portrait. C’était un sous-lieutenant de la garde nationale, nommé Jacques Dupont et surnommé Trestaillons. Dans une lettre officielle au préfet du Gard, il se vanta d’avoir tué six hommes de sa main. Trestaillons eut dans Nîmes des sympathies et de puissants protecteurs. En tuant, il prétendait venger sa femme outragée trois mois auparavant par des paysans bonapartistes. Il n’y avait rien de vrai dans cette histoire. Ce prétendu justicier n’était qu’un assassin et un voleur.