Le secrétaire et le valet de chambre du général le transportèrent dans l’appartement qu’il occupait au premier étage. Ils l’étendirent sur un canapé et allèrent chercher des secours. Resté seul, Ramel entendit les hurlements de la foule, le bruit de coups frappés contre la porte. On le savait blessé, à l’agonie sans doute ; mais on voulait l’atroce plaisir de l’achever. Dans l’épouvante d’être déchiré vivant, le malheureux se traîna sur le palier, monta (au prix de quels efforts et de quelles souffrances !) chez un certain Bouillon, locataire du second étage, et lui demanda de le cacher. « — Vous me compromettriez ! » lui dit cet homme. Ramel gravit encore un étage, laissant sur chaque marche des gouttes de son sang. Il fit la même prière et éprouva le même refus. Alors, il entra dans le grenier, où il tomba épuisé, la face contre terre.
C’est là que le trouvèrent évanoui, une demi-heure plus tard, le chirurgien et quelques officiers et gardes nationaux amenés à son secours. On descendit le général dans son appartement, on le déshabilla et on le mit au lit ; le chirurgien fit un premier pansement. Pendant ce temps, le commandant de la garde nationale et le chef d’état-major de Pérignon arrivaient sur la place des Carmes avec plusieurs compagnies de milice et du régiment de Marie-Thérèse. Mais par une disposition inexplicable, les