deux officiers massèrent la troupe au fond de la place, du côté opposé à la maison de Ramel, et établirent devant la porte un poste de quelques hommes seulement. Quant au maire, M. de Villèle, au préfet, M. de Rémusat, et au maréchal Pérignon, ils étaient sans doute occupés ailleurs, car il ne semble pas qu’ils soient venus à ce moment-là.
L’attroupement des verdets n’avait été repoussé qu’à quelques pas, mais non dispersé. Pour enflammer la foule qui remplissait la place, ils disaient que Ramel « avait tiré sur le peuple », et qu’il avait tué le factionnaire d’un coup d’épée. On criait : « À mort Ramel ! » Unis au populaire, les verdets assaillirent le petit poste. Il résista d’abord, mais faiblement, sans faire usage de ses armes, puis il céda à une poussée. On enfonça la porte avec un madrier. L’escalier bien vite monté, le flot des assassins s’engouffra dans la chambre de Ramel. Près de lui, nulle garde, aucun défenseur ; une ou deux personnes trop faibles pour la moindre résistance et d’ailleurs terrorisées. Alors Ramel eut devant les yeux, agrandis par l’épouvante, l’atroce vision intérieure qu’il avait cherché à fuir, deux heures auparavant, en se traînant jusqu’au grenier. Il vit se ruer sur lui, inerte dans le lit, la bande de cannibales hurlant et brandissant des sabres. Ils frappèrent avec furie, redoublant