Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/167

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leur verve et leur science. Quand on m’a confié le droit de gouverner ces journaux, je suis allé à tous les jeunes esprits, ils sont venus à moi : nous nous sommes rencontrés en chemin. Gérard de Nerval revenait d’Orient pour raconter ses poétiques et savants voyages au pays d’Homère. Il m’a emmené trois fois au delà des mers ; si je m’étais abandonné à lui, nos journaux auraient paru tantôt à Amsterdam, tantôt à Venise, tantôt à Athènes. Je n’avais lu qu’une page de Marc Fournier, qui vivait seul, dans l’étude, spirituel comme Beaumarchais, amer comme un philosophe de Genève : il était sans tribune et sans nom. Je suis fier d’avoir songé à lui. Mantz, c’est presque la même histoire, à cette variante près que Mantz m’avait appris son talent en frappant fort sur mon livre le plus cher ; mais sa critique était d’un si beau style ! Je suis parvenu à faire écrire Vermot et Malitourne, un poète et un critique, ou plutôt deux poètes, qui, selon mon précepte (je n’ai que celui-là), prennent la