Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/177

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« — Et combien ça coûte-t-il, mon pauvre Jean-Louis ? »

« — Ça coûte un beau billet de mille francs, pour le moins. »

Éléonore jugea que c’était cher d’acheter un homme, mais elle ne désespérait pas. Aussi, à Paris, chaque fois qu’on lui débitait des galanteries, elle disait : « Je veux bien écouter votre chanson, mais pas à moins de mille francs. » Et elle n’avait pas encore trouvé.

En ce temps-là, on donnait plus facilement mille francs pour un homme que pour une femme.

Un matin, voilà que tout justement madame Sand dit à Nonore :

— Il faut aller chez madame Dorval lui porter cette lettre ; ne va pas la perdre, car il y a dedans un billet de mille francs.

— Oh ! n’ayez pas peur, je vais cacher ça dans mon corsage.

— Oui, mais prends garde qu’on n’y mette la main.