Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/188

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aussi rare que la sagesse antique, — n’y a-t-il pas une grande consolation à se dire que, dans ce temps d’hommes voués à la Mode et de femmes vendues à la Bourse, pendant que tout le monde se courbait, le cœur sec et l’esprit vide, devant le dieu moderne, le dieu monnayé, il y avait deux cœurs fervents, deux amoureux, qui s’aimaient simplement, qui cachaient leur bonheur dans un paradis de feuillages et de fleurs, — un vrai paradis à la Breughel, — où ils jetaient autour d’eux, à pleines mains, toute la poésie de leur amour, sans souci du serpent ?

Comme ils devaient rire de toutes ces ambitions, de toutes ces vanités, de toutes ces amours vénales, de toutes ces avarices, de tous ces égoïsmes, de toutes ces folies qui s’intitulent esprit positif, science humaine, et qui usent les forces de la vie à vouloir conquérir la vie !

Cet Adam, qui sut retrouver le paradis de l’amour en plein dix-neuvième siècle, fut