Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/208

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sio sur lequel la destinée n’a point de prise.

Et ils s’aimaient, elle et lui, sous l’aiguillon des folles caresses, se quittant et se reprenant aussi vite, bras aussitôt glacés que réenlacés, oubliant tout quand ils étaient ensemble, si bien que l’on aurait cru qu’ils ne se séparaient que pour la volupté de se reprendre.

Heures bénies, heures triomphales des jeunesses fécondes où l’homme se chante à lui-même ce qu’il y a de plus beau, où la femme incorpore en elle le merveilleux poème que la vie ne donne qu’une fois.

Florentine avait tout de suite emporté Fantasio, devinant bien qu’on le lui disputerait chaudement ; mais la nature prévoyante ne lui avait pas ménagé les armes agressives et défensives. Il fallait la voir, donnant des coups d’estoc et de taille dès qu’une de ses camarades, un peu mal avisée, avait la témérité de se montrer à côté du poète.

— Mon cher amour, lui disait-elle, vous me trompez que c’est une bénédiction.