Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/212

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II

Le roman de Fantasio et de Florentine ne dura que ce que durent les roses.

Mais il y a tantôt vingt ans, la célèbre Florentine, se voyant déjà dans l’autre monde, appela à son lit de mort son cher Fantasio. Les deux amoureux se regardèrent avec effroi, se reconnaissant à peine, puisque si longtemps s’était passé depuis cette fulgurante passion qui les avait jetés dans les bras l’un de l’autre. Ils s’embrassèrent pourtant, mais non plus avec cette belle étreinte qui avait marié leur jeunesse. Après quelques paroles sur le présent, on se rejeta sur le passé comme si on dût y retrouver les fraîches émanations de 1850, où on s’était aimé à en mourir. Ils revécurent dans cette aurore poétique qui leur avait donné tant de joies, même la volupté des larmes.