Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/239

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manger était toute petite, on ouvrit la fenêtre pour respirer mieux ; mais bientôt le froid saisit mademoiselle Judith. Béranger lui dit :

— Jetez donc votre pèlerine sur vos épaules.

— Ma pèlerine ? répondit mélancoliquement la Lisette.

— Voulez-vous que j’aille vous la chercher ?

— Inutile, car elle n’est plus dans ma chambre.

— Où l’avez-vous mise ?

— Tout à l’heure, je l’ai mise sur le dos de cette pauvre femme qui manque de tout.

— Eh bien ! et vous, dit Lamennais touché au cœur, comme je l’étais moi-même !

— Moi, mon cher monsieur Lamennais, si vous saviez comme je sais me passer de tout, quand je vois la misère des autres. Béranger fera une chanson de plus, le paresseux.

Mademoiselle Judith, toute bonne qu’elle fût, a plus d’une fois fermé la porte au nez à