Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/240

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ces mendiants qui apparaissaient toujours à l’heure des repas.

Les mendiants à domicile ont été une des plaies de ce galant homme qui avait si peu et qui donnait tout.

Son ami le roi-citoyen avait parlé de le faire riche, c’est-à-dire de lui octroyer une pension de 6,000 francs ; mais Béranger se hâta de déclarer qu’il n’accepterait rien du roi. Il voulait que tout lui vînt de ses chansons. Il refusa de se mettre en campagne pour l’Académie, ce qui lui eût donné 1,200 francs de rente. On a dit qu’il avait refusé d’être pair de France ; mais on ne lui offrit pas la pairie, dont il ne voulait pas, d’ailleurs. Un jour, le bruit se répandit qu’il était nommé pair de France. Tous ses amis politiques s’indignèrent, tandis que Mesdames de la Halle, escortées des admirateurs du poète, lui portaient des bouquets sans nombre. Le lendemain, seulement, on apprit que le Bérenger qui était nommé pair de France était un Bérenger quelconque,