Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/244

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aux gens : « Me voilà ! » Il écoutait bien, il parlait mieux ; sa voix était douce et sa parole lente, mais son regard était vif, son sourire malin ; c’était un vrai bonheur de saisir, à je ne sais quoi de charmant qu’il avait dans le regard, qu’il se trouvait bien en votre compagnie. Il attirait naturellement à son âme, à son esprit toutes les âmes et tous les esprits d’alentour. Sa bienveillance était active, ingénieuse, irrésistible ; on le saluait sans le connaître. »

Ce n’est pas sur le Parnasse que je fis la connaissance de Béranger : c’était dans l’omnibus qui allait du Louvre à l’Étoile et qui, grâce à la civilisation fulgurante, va beaucoup plus loin des deux côtés. Que faire en omnibus, sinon regarder ses voisins et ses voisines ? Tout en face de moi, je reconnus Béranger que je n’avais jamais vu qu’en tête de ses chansons. On était en 1852. Béranger vivait ses dernières années sans que son esprit l’abandonnât. Un air de jeunesse colorait