Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/257

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— Je veux que vous me composiez un Requiem.

Ce fut tout.

Il y avait dans l’air de tête et dans l’accent de ce visiteur quelque chose qui fit tressaillir Mozart ; il éprouvait le choc d’une volonté plus forte que la sienne, d’un envoûtement subit qui s’emparait de son cerveau et qui l’emportait vers je ne sais quelle région où pleuraient déjà à son oreille les mânes des trépassés.

Le singulier personnage regardait fixement le musicien dont la nervosité, surexcitée par les souffrances de la maladie qui le minait, s’exacerbait encore sous l’impression de cet incident. Il promit de faire ce qu’on lui demandait et le nouveau venu se retira.

Mozart persista-t-il à voir en lui un envoyé de l’outre-tombe ? une vision émanée d’un monde occulte ? Ce qu’il y a de certain c’est qu’il se mit à l’œuvre. Hélas ! la mort était entrée chez lui. Il mourut mais non sans avoir