Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/298

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c’était rue Taitbout : un premier étage avec un jardin. Je donnai mon nom à Sophie. Elle me dit : « Asseyez-vous là, à côté de moi ; je sais bien pourquoi vous venez : notre maître a été ensorcelé par vos articles de la Revue de Paris où vous mettez si bien en scène les comédiennes. Il dit que vous ferez très bien les hors-d’œuvre dans notre journal avec Alfred de Musset. Nous avons déjà Eugène Sue, Dumas, George Sand, tous les glorieux ; mais chez nous il faut se surpasser. » Je regardai Sophie le plumeau à la main et l’œil plein d’éclairs. Qu’est-ce que cette femme-là ? me demandai-je. « C’est que, voyez-vous, continua-t-elle, nous risquons tout, dans le Constitutionnel. »

Je crus un instant que c’était la sœur de Véron qui me parlait ainsi avec un plumeau en guise d’éventail. Elle se leva en murmurant : « Je vais vous annoncer. »

Elle m’annonça. Véron fut très gracieux ; on causa des grandes actrices : c’était son