Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/299

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répertoire habituel. Il me demanda de les peindre toutes dans son journal : « On vous donnera le dimanche. »

Le soir du premier feuilleton, je dînai chez Véron, où tout le monde me fit gai visage. Il n’y a que la jeunesse pour avoir de ces bonnes fortunes-là, car la jeunesse a ses lendemains plus ou moins glorieux. Il y avait à la table, ce jour-là, quelques maîtres contemporains : Delacroix, Isabey, Auber, Halévy, Romieu, Roqueplan, et deux romanciers dans tout l’éclat de leur célébrité : Alexandre Dumas et Eugène Sue.

— N’est-ce pas, me dit le docteur, que c’est ici le festin des dieux ! Par malheur, je n’ai ni la figure, ni le génie d’Apollon pour présider la table ; mais, chez moi, tout le monde préside à son tour.

Partant de là, le cliquetis des mots courut sur la nappe. Le maître de la maison était déjà ce malin bourgeois de Paris, armé de raillerie parisienne. Comme homme d’esprit,