Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fugue étrange, quand je reçus une lettre de lui, qui commençait ainsi : « Mon cher volé », et qu’il terminait par ces trois mots : « Votre affectionné voleur. »

Il partait de là pour expliquer son amour bien légitime, promettant de payer le mobilier disparu avec sa plume d’or. En effet, le lendemain, il m’apporta une douzaine de pages folles pour l’Artiste, tout en m’offrant d’être mon secrétaire. Je ne voulus pas lui être désagréable : je lui dictai la moitié d’un roman. Il disparut encore, devenu soudainement amoureux de mademoiselle Augustine Brohan, qui daigna lui prouver par ses lettres ironiques qu’elle avait encore plus d’esprit que lui. Deux fois amoureux coup sur coup, il jura de ne jamais plus écrire en prose. Il rima très éloquemment des strophes et des poèmes, tout en voulant renouveler la langue française, se faisant ainsi le précurseur de Péladan et des décadents les plus décadents. Il croyait qu’il était déjà allé dans les Indes ; il me fit