Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/72

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Avouons pourtant que Cléopâtre, Lady Tartufe et La joie fait peur sont des œuvres hors ligne, qu’il faut placer presque à la hauteur des meilleures choses du temps de madame de Girardin.

Madame de Girardin a connu l’amour, mais n’a pas connu la passion. Elle a recherché les aurores, elle a eu peur des coups de soleil. Un jour, un grand bruit a traversé le Paris mondain : on raconta un horrible drame. Que s’était-il passé ? Un homme à la mode, on disait un dandy dans ce temps-là, s’était jeté aux pieds de la dixième Muse. Elle avait ri, mais l’amoureux ne riait pas. Elle se laissa prendre par le cœur, mais elle n’ouvrit point ses bras. Il se désespéra et se jeta dans toutes les folies : il courut les filles et le jeu : les filles pour qu’elle fût jalouse ; le jeu, croyant triompher par l’argent. Il perdit des deux côtés ; que dis-je ? il perdit la tête. Il alla à Versailles chez madame Sophie Gay, il lui dit qu’il allait mourir pour sa fille. Dans son égarement il