Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/71

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dies, des romans et des chroniques, on est emporté par le flot du Léthé, comme dirait un mythologue.

Il faut plus de génie à une femme qu’à un homme pour conquérir la renommée. Quand Sapho, Sévigné et Sand ont marqué leur place dans la poésie, dans l’esprit, dans le roman, l’opinion fut rebelle. C’est que l’opinion a toujours peur, comme Molière — ce maître de l’opinion — des précieuses ridicules et des femmes savantes.

Certes, madame de Girardin n’avait rien des figures fouettées de roses et d’épines par Molière ; mais, si elle se fût contentée d’ouvrir, dans le Paris politique qu’elle a traversé, le plus beau des salons littéraires, elle qui était l’amie de Lamartine, de Victor Hugo, de Balzac et de toute la glorieuse pléiade, elle aurait à cette heure tout autant de renommée, sans qu’on lui reprochât ses taches d’encre et ses bas bleus. La beauté est faite pour sourire et non pour froncer le sourcil.