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LABRADOR ET ANTICOSTI

vu personne recevoir plus que quelques lettres en même temps ; et il ne cessait pas de mettre de côté pour moi lettres et cartes postales, dont j’avais une quarantaine. Courrier bien varié : celui-ci me donnait des nouvelles de ma famille ; celui-là, que je pensais mort, m’annonçait pour demain l’acquisition qu’il allait faire d’un beau-père et d’une belle-mère ; certains des abonnés du Naturaliste canadien, qui sont les plus honnêtes gens du monde, avaient lancé à ma poursuite le dollar qui crée entre eux et moi de si douces relations, pendant que d’autres, qui s’occupent des trois règnes de la nature comme de l’an quarante, me faisaient signifier, par le directeur de poste de leur localité, qu’ils ne voulaient pas de l’honneur dont je les avais jugés dignes, d’être comptés au nombre des amis des sciences. Et puis, il y avait des journaux de choix, qui me donnaient toutes faites des opinions diverses sur tous les sujets.

* * *

L’histoire des Sept-Isles ne se perd pas dans la nuit des temps passés. En 1875, il n’y avait ici que deux ou trois familles, qui s’occupaient de la pêche de la morue. On y voyait aussi un poste de la Compagnie de la baie d’Hudson, qui s’y trouve encore, faisant l’achat des fourrures et tenant magasin général.


LES SEPT-ISLES.

Seulement une ou deux familles sauvage restent ici à l’année. Mais, à la fin de juin, il en vient beaucoup de tous côtés pour assister à la mission que leur donnent les Pères Oblats : l’église alors en est toute remplie. Du reste, cette chapelle, de 35 pieds sur 25, bâtie par le P. Arnaud il y a une