CHAPITRE PREMIER
De Québec à Betsiamis
Samedi, 25 mai. — À neuf heures du matin, tout est prêt : passagers et colis divers sont installés chacun à sa place sur le petit navire. On n’attend plus que Sa Grandeur Mgr Labrecque, qui arrive à l’instant. Le sifflet retentit aussitôt, annonçant aux Québecquois que c’est le moment, ou jamais, de s’embarquer pour le bas du fleuve Saint-Laurent. Mais tous font la sourde oreille, restant à leur comptoir, dans leur boutique, sur les marchés ou les trottoirs. Bref, ici comme en tant d’endroits, c’est le petit nombre des élus. Je suis de ceux-là, heureusement, pour le quart d’heure. Donc, on lève l’ancre, et l’on met à la voile, ce qui signifie simplement, en l’espèce, que de complaisants individus enlèvent les amarres qui tenaient le steamer attaché au quai, que le mécanicien fait agir la vapeur sur les pistons, que l’hélice se met à tourner, et que l’on donne au gouvernail le mouvement voulu. Tout cela, joint à l’action du courant, fait que nous nous éloignons peu à peu des superbes quais de la Commission du Havre, que nous sortons plus ou moins