pièce se transforme à volonté en salon, en fumoir, en salle à dîner. L’équipage est formé de Montagnais qui s’acquittent à merveille de la manœuvre.
En arrivant à terre, Monseigneur est reçu par la bourgade entière, ayant à sa tête les RR. PP. Arnaud et Lemoine, de la résidence de Betsiamis, et les RR. PP. Murphy et Gervais, de l’Université d’Ottawa.
L’entrée de l’Évêque qui est le commencement de la mission, fut une cérémonie fort solennelle. La procession se déroula du presbytère à la chapelle, au chant de l’hymne Iste confessor. À la suite de la croix, escortée d’acolytes en soutane rouge et cotta, venaient les enfants de la tribu, deux à deux ; les hommes marchaient en arrière du dais et fermaient la marche.
Dimanche, 28 JUILLET. — Aujourd’hui l’Église célèbre la solennité de la fête de sainte Anne, et à cette occasion Monseigneur officia pontificalement, à six heures du matin. De jeunes Montagnais en soutane rouge, coiffés d’une calotte de même couleur, remplissaient les divers offices de servants. À certain moment, j’eus l’occasion de leur donner quelque avis concernant leur fonction ; mais j’en fus pour mes frais, car ces enfants ne savaient pas un mot de français.
Il n’y avait pas de chantres au chœur. Tout le peuple de la nef, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, chantait les diverses parties de la messe, non pas en latin, mais en langue montagnaise. Il a fallu une permission spéciale de Rome pour autoriser ces chants liturgiques en langue vulgaire. Cette permission est d’ailleurs bien justifiée. Il faut déjà assez d’efforts, disent les Oblats, pour apprendre aux sauvages les répons de la messe en latin, et encore, on n’y réussit qu’en modifiant en une certaine mesure les mots latins, autant que peut le requérir l’inaptitude des sauvages à prononcer quelques lettres de notre alphabet. Il n’y a pas de meilleure façon de prouver ce que je viens de dire, que de citer tout au long le texte du Confiteor, tel qu’il se trouve dans une petite brochure intitulée Tshishtekiikan Tshe Apatstats Ilnuts, 1895 kie 1896, publiée « Nete État A. Côté et Cie. »