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ÎLE D’ANTICOSTI

réclame en Europe à cette île inhospitalière. Les journaux de Londres la représentent comme un paradis terrestre. Je ne veux pas nuire aux propriétaires d’Anticosti ; mais puisqu’on a mêlé mon nom à cette affaire, je rappellerai en peu de mots ce que j’ai dit à propos de cette île, il y a quelques années. » L’auteur reproduit ensuite l’extrait de son livre De tribord à bâbord que l’on vient de lire ; puis il ajoute :

« Voilà ce que j’écrivais il y a déjà plus de dix ans. Depuis, je suis retourné à l’île d’Anticosti deux fois.

« À mon grand regret, je n’ai pas changé d’avis. »[1]

On voit que MM. Gregory et Faucher de Saint-Maurice s’accordaient assez à trouver que l’Anticosti offre peu de ressources à la colonisation.

* * *

Il parut à Paris, en mai 1895, une brochure intitulée : Notice sur l’île d’Anticosti. J’ai pu m’en procurer un exemplaire, bien qu’elle n’ait pas été mise dans le commerce. Cette plaquette de 23 pages est signée par M. Jules Despecher, de Paris, l’acquéreur de l’île d’Anticosti. Car la fameuse île a, une

  1. Le 4 juillet 1896, la Presse, de Montréal, publiait un article de M. Faucher de Saint-Maurice sur l’Île d’Anticosti. « Les ressources agricoles que peut offrir l’Anticosti sont encore inconnues», dit l’écrivain, qui s’étend longuement sur les richesses forestières et géologiques de l’île. Assurément, on ne peut pas dire qu’il ait «changé d’avis». Toutefois, il ne se montre plus aussi défavorable à l’exploitation de la grande île que dans ses précédents écrits. Les nouvelles qui avaient transpiré de l’exploration Bureau (dont il sera question plus loin), et le fait que l’Anticosti était passée en mains françaises, expliquent assez ce changement d’attitude.

    — Je me faisais une fête d’envoyer l’un des premiers exemplaires de cet ouvrage à M. Faucher de Saint-Maurice, dont j’ai eu le plaisir de faire la connaissance l’année dernière. Il aura du bonheur à me lire, me disais-je, lui qui s’est tant occupé du Labrador, soit dans sa littérature, soit au parlement de Québec. Il est mort lorsqu’à peine les premières pages de mon livre s’imprimaient ! Voici les ouvrages où Faucher de Saint-Maurice a parlé du Labrador : De tribord à bâbord, trois croisières dans le golfe Saint-Laurent, Montréal, 1877 ; Joies et tristesses de la mer, Montréal, 1888 ; Promenades dans le golfe Saint-Laurent, Montréal (sans date ; l’exemplaire que j’ai sous les yeux est de la neuvième édition). Il est juste d’ajouter que ces différents ouvrages ne font que reproduire, plus ou moins complètement, les mêmes récits du Labrador et de l’Anticosti. (A.)