Saint-Laurent. Le territoire qu’on assignait à l’exercice de leur zèle apostolique était immense. Il comprenait toute la côte du Labrador jusqu’au delà du détroit de Belle-Isle. Les Oblats étaient déjà arrivés au Saguenay en l’automne de 1844, et s’y étaient fixés à Saint-Alexis au fond de la baie des Ha ! Ha !
Le P. Arnaud fut destiné par ses supérieurs à travailler dans le vaste domaine qui s’ouvrait en Canada au zèle des Oblats. Il n’était encore que diacre, en 1847, quand il reçut l’ordre de s’embarquer pour l’Amérique. Quelques jours après avoir pris terre aux États-Unis, le jeune Oblat se trouvant avec un Père dans une rue de la ville d’Albany, rencontra trois Iroquoises : c’étaient les premiers sauvages qu’il eût jamais vus. Or, elles vinrent à lui et lui parlèrent. « Voyez-vous, lui dit le Père, ces femmes vous prennent pour un sauvage ! » C’était un prélude bien inattendu de sa longue carrière de missionnaire chez les sauvages.
Dès son arrivée au Canada, une maladie qui dura quinze jours conduisit le P. Arnaud aux portes du tombeau. Il en réchappa pourtant, et fut bientôt en mesure d’affronter pour la première fois les rigueurs de nos hivers canadiens, non pas d’abord, assurément, sans de fréquents frissons, qu’il faut bien pardonner au fils de cette douce Provence que les chaudes haleines du Midi préservent toujours des moindres froidures.
Le 1er avril 1849, le P. Arnaud reçut l’onction sacerdotale, à Ottawa. C’était seulement la deuxième ordination qui avait lieu dans ce diocèse de création encore récente.
Le nouveau prêtre avait désiré travailler dans les missions.
Enfin ses vœux vont être exaucés, et même dans une mesure qui dépassait peut-être toutes ses prévisions ; car voici que cet apostolat aura bientôt duré tout un demi-siècle.
Pour s’essayer dans la vie du missionnaire, le P. Arnaud dut accompagner, avec le P. Laverlochère, un groupe de sauvages qui se rendaient à la baie d’Hudson. Ce premier voyage lui fut bien pénible. Les sauvages, en effet, n’ont pas les mêmes idées que nous sur les soins de propreté, ni en fait d’art culinaire ; et bien