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LABRADOR ET ANTICOSTI

C’est que l’œuvre de la colonisation avait repris dans toute la Province un développement que l’on n’avait pas encore vu ; et l’établissement de nombreuses missions et paroisses nouvelles retenaient les nouveaux membres du clergé dans tous les diocèses.

Cette difficulté de recruter le clergé du Labrador fut sans doute l’une des principales raisons qui avaient engagé l’évêque de Rimouski à demander la séparation de la Préfecture d’avec son diocèse.

Quant à Mgr Bossé, il prit le parti d’exposer quelle était la situation précaire de la Préfecture à la S. Congrégation de la Propagande, dont il dépendait directement. Il lui fut répondu qu’il devait demander de l’aide au Séminaire des Missions étrangères, de Paris. Mais la démarche qu’il fit auprès de cette institution ne lui servit de rien. « Le Saint-Siège, lui écrivit-on, nous a déjà confié bien plus de missions que nous ne pouvons en desservir. »

Alors, voyant que déjà quelques-unes de ses missions manquaient de prêtres, et que bientôt il resterait à peu près seul pour subvenir aux besoins spirituels d’un aussi vaste pays, le Préfet n’hésita pas à prier le Saint-Père d’accepter sa démission, lui représentant que les intérêts spirituels de la population labradorienne exigeait que l’administration de la Préfecture fût remise à un évêque qui, possédant un séminaire et un clergé, pourrait subvenir à la desserte des missions.

Le Saint-Siège se rendit aux prières de Mgr Bossé, et confia, en 1892, l’administration de la Préfecture apostolique du golfe Saint-Laurent à S. G. Mgr Labrecque, qui reçut en même temps, cette année-là, le titre d’évêque de Chicoutimi et celui d’administrateur de la Préfecture.

L’ex-Préfet, après les dix années de dévouement qu’il avait consacrées aux missions du Labrador, reprit avec joie l’exercice du ministère curial dans cette Gaspésie où, vingt-cinq ans auparavant, il avait commencé sa carrière sacerdotale. Durant son administration de la Préfecture, quatre jeunes prêtres, de Québec, de Rimouski et de Chicoutimi, avaient pris part à ses