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POINTE-AUX-ESQUIMAUX

telle sorte que les bancs de sable détruiraient bientôt l’excellent mouillage qu’ils ont, pour leurs barges de pêche, vis-à-vis l’église et le couvent. Mais l’événement n’a pas confirmé ces appréhensions ; la jetée n’a pas fait accumuler le sable, comme on le redoutait, et le mouillage des petits vaisseaux est toujours le même[1].

Il y a de l’avenir, sur la Côte Nord, pour la construction des quais ou jetées ! Car il n’y en a nulle part encore, si l’on excepte certains échafaudages qui en tiennent lieu dans les grands établissements de pêche, et que l’on a construits avec le petit bois que l’on trouvait dans les alentours. Ces quais ne peuvent en général être atteints que par les barges de pêche. Il est donc certain que, les unes après les autres, toutes les localités demanderont des quais ou des jetées qui puissent servir aux vaisseaux d’un certain tonnage. Le gouvernement fédéral aura là-dessus bien des fois à prêter l’oreille aux humbles requêtes de ses administrés de la Côte Nord ! Pour le candidat ministériel, dans toutes les élections qui se feront d’ici à de nombreuses années, il y a là une ressource quasi inépuisable dont il ne manquera pas, j’imagine, de tirer un parti convenable.

* * *

Cette affaire de la jetée construite à la Pointe-aux-Esquimaux m’amène bien naturellement à parler de la flotte du lieu, qui se compose exclusivement de goélettes et de barges. « En 1865, me dit M. P. Vigneau, nous possédions 12 goélettes ; 14 en 1870 ; 17 en 1875 ; 23 en 1880 ; 26 en 1882 et 1883. Depuis, leur nombre a toujours diminué, de sorte qu’aujourd’hui nous n’en avons plus que 12, dont plusieurs ont atteint l’âge de majorité. » 23 goélettes, ajoute notre annaliste, ont été achetées

  1. Au mois d’avril 1897, on m’écrivait de la Pointe-aux-Esquimaux que la jetée s’était enfoncée de près de deux pieds dans le sable sur lequel elle repose, ce qui d’ailleurs était assez prévu. L’accident est facile à réparer. — On ajoutait qu’il faudrait l’allonger de cinquante pieds pour que les vaisseaux de fort tonnage puissent l’accoster.