de légumes. Si cela continue de la sorte, tous nos bénéfices, provenant de la chasse au loup marin, de la pêche au hareng et à la morue, s’élèveront à peine à cent piastres. Dans les bonnes années, notre gain total, tous frais payés, peut être de deux cents piastres. Il y a loin de cet état de choses à la prospérité d’autrefois, surtout au temps où le loup marin abondait ! Et des familles doivent passer l’année avec des ressources aussi modiques !
Il y a bien la chasse qui, durant l’hiver, peut donner quelques profits ; mais cette ressource n’est pas à la portée de tout le monde. Du reste, les bons hivers de chasse ne se présentent guère qu’à des intervalles de dix ou quinze ans. En dehors de ces années exceptionnelles, quelques chasseurs, suivant la pittoresque expression d’un pêcheur, accrochent de temps à autre un petit nombre de martres, loutres, loups-cerviers, visons, renards, rats-musqués, etc. Pour ce qui est des renards, il est à remarquer que, pour dix ou quinze rouges, on ne prend qu’un seul argenté ou noir ; or le renard argenté est le seul qui a de la valeur, sa peau se vendant de soixante à cent piastres. Il y a aussi du castor ; mais, en général, peu de blancs de la Côte en prennent avantage, comme si les Montagnais avaient à cette chasse une sorte de droit exclusif.
Comme on le voit, il n’y a pas à compter sérieusement sur la chasse pour augmenter les revenus de l’année ; et quand la pêche n’est pas beaucoup bonne, comme il arrive quelquefois, c’est la disette ou à peu près pour cette brave population de la Pointe-aux-Esquimaux. Plus d’une fois, il a fallu recourir à la bienveillance des gouvernements, pour en obtenir des provisions à l’entrée de l’hiver. C’est ce qui fait souhaiter, à ceux qui s’intéressent au sort de ces pêcheurs, de les voir s’adonner encore davantage à la culture des patates et des légumes.
Sans doute, il ne saurait être question de cultiver ici les céréales. On sème seulement un peu d’avoine, pour en faire du fourrage. Et si l’on peut ici utiliser un peu de fourrage, ce n’est que pour nourrir les quelques vaches et bœufs que l’on pos-