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LABRADOR ET ANTICOSTI

Mais ces jouissances exquises, pour le moment je ne les goûte point. Ô vain labeur des recherches ! Ô tourments de l’incertitude ! — La nuit n’est pourtant pas sans aucune étoile… En effet, M. P. Vigneau me témoigne d’avoir vu, sur une carte de Bayfield portant la date de 1851, le nom de Peashte-Bai pour désigner cette localité de la Côte, et, à son avis, c’est là un mot de langue sauvage plus ou moins défiguré. Eh bien, si Peashte-Bai est déjà défiguré, que dirons-nous donc de Piastrebai, qui est le mot actuellement en usage dans le pays ? Nous dirons que les Canadiens sont des artistes en fait d’étymologie.

WATSHESHOO (à 35 milles à l’ouest de Natashquan), dont on regardait autrefois la rivière qui se trouve là comme un bon endroit pour la pêche au saumon, n’est pas un centre bien considérable de population, et le besoin d’une administration municipale ne s’y est pas encore fait ressentir. Ce fut vers 1863 ou 1864 que deux frères, du nom de Pilote, de la Baie-Saint-Paul, s’établirent auprès de la petite rivière Watsheshoo, l’un était marié, l’autre célibataire. En 1871, ils s’en allèrent à la Pointe-aux-Esquimaux, et y demeurèrent durant quatre ou cinq ans, au bout desquels ils revinrent à Watsheshoo. Après une quinzaine d’années, c’est-à-dire en 1885 ou 1886, celui qui était marié quitta définitivement l’endroit, et alla se fixer en quelque lieu des comtés de Charlevoix ou du Lac-Saint-Jean. Quant à l’autre, le dernier des « Watsheshouans », il tint bon jusqu’à l’automne de 1894, où il partit à son tour, après avoir vendu son domaine, ses agrès de pêche et son attirail de chasse, à un nommé Dion, de Saint-Thomas de Montmagny. Voilà le véridique récit de ce qui s’est passé à Watsheshoo durant les trente premières années de cette colonie. L’histoire n’aura pas à se plaindre, plus tard, de ne rien savoir de ses premiers temps.

La chronique de Passasheboo (20 milles de Natashquan) n’offre guère plus de ressources à l’imagination des romanciers, j’allais dire des historiens, ce qui serait d’une irrévérence consommée. — Une fois, il y avait deux frères, nommés Bou-