Aller au contenu

Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
364
LABRADOR ET ANTICOSTI

propres à l’extérieur et à l’intérieur ; la bonne tenue qui y règne prouve que les habitants ont joui d’une certaine aisance dans leur ancienne patrie. Avec les avantages que présente Nataskouan, ils s’y croiraient heureux, s’ils pouvaient obtenir la résidence d’un prêtre, ou du moins les visites plus fréquentes d’un missionnaire. Ils s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants, qui vont être élevés sans recevoir d’autre instruction religieuse que celle que les parents pourront eux-mêmes donner. Dans l’espérance d’avoir bientôt un missionnaire, chargé de demeurer sur la côte, ils se proposent de bâtir une chapelle, à laquelle ils ajouteraient facilement un logement suffisant pour lui et pour son serviteur… Sur la pointe qui s’avance dans le havre, près de l’embouchure du Petit-Nataskouan, un plateau, élevé d’une quarantaine de pieds au-dessus du niveau de la mer, est encore tout couvert de bois. Ce serait, il me semble, le lieu le plus convenable pour la chapelle ; placée sur la hauteur, elle serait visible du port et de toutes les parties de la baie. Près de cet endroit est le magasin, où tous les habitants ont affaire ; c’est à quelques pas de la pointe que les pêcheurs viennent chaque soir mettre leurs barges en sûreté ; de là aussi le prêtre pourra plus facilement surveiller les employés de la grave et les équipages des bâtiments, qui s’arrêtent ici en assez grand nombre. Il paraît plus avantageux que le missionnaire réside dans un lieu où ses rapports avec ses paroissiens seront plus faciles, et où il pourra exercer une influence salutaire sur la population flottante, amenée chaque été par les navires. »

Les prévisions de l’abbé Ferland se sont parfaitement réalisées, et dans un temps très court. L’archevêque de Québec, dont ce territoire dépendait alors pour l’administration spirituelle, ayant répondu aux habitants de Natashquan qu’il leur enverrait un missionnaire résidant quand ils auraient construit une chapelle, on laissa là tout autre ouvrage, et l’on se mit en frais d’élever l’édifice. Une circonstance providentielle leur permettait d’exécuter leur pieux projet d’une façon relativement facile. La question des bois de construction était sans doute la plus em-