fallu subdiviser les immenses dessertes de jadis, et accroître le nombre des prêtres chargés de ces missions.
Cela n’empêche pas que le clergé de la Côte est encore peu nombreux, eu égard à la vaste étendue de ce pays. Mais cela fait que l’exercice du saint ministère, en de telles conditions, est encore très pénible. Si l’on a par exemple dix missions dans sa desserte, il faut dix fois par an préparer des enfants à la première communion ; il faut s’occuper, en dix endroits différents, de la construction, de l’aménagement et de l’entretien d’une chapelle et d’une sacristie, créer aussi et diriger l’organisation scolaire en autant de localités. Puis, il y a l’administration des sacrements aux malades. Tout à coup, le jour ou la nuit, qu’il fasse beau ou que la tempête soit effroyable, voilà le prêtre appelé par le télégraphe à se rendre auprès d’un mourant, à dix lieues, à quinze lieues ! À l’époque de la navigation, le voyage est encore assez facile à faire ; mais l’hiver, il faut s’installer sur le cométique traîné par un attelage de chiens, ou bien chausser la raquette. Cela n’est pas, assurément, une partie de plaisir, et l’emporte de beaucoup sur les exploits où les « raquetteurs » de nos villes se couvrent pourtant de gloire, chaque hiver, au son de la trompette et du tambour.
Comme on l’imagine bien, le missionnaire de la Côte Nord passe rarement toute une semaine dans son presbytère. Son ministère très actif l’empêche également soit de se rendre maître des Œuvres complètes de saint Thomas d’Aquin, soit de composer beaucoup de poèmes lyriques ou autres. Mais il y a des compensations à cette vie de labeur et de fatigue.
À part la satisfaction qu’il y a à se dépenser pour le salut des âmes si chères à Jésus-Christ, à part les consolations ineffables qui sont le partage de tout bon prêtre qui coopère à l’œuvre de la Rédemption, le missionnaire de la Côte Nord est aussi récompensé de son dévouement par l’amour, le respect et la reconnaissance que lui témoignent ces bonnes populations qu’il est chargé de conduire au ciel.
Rien ne fait plus penser à ce que dut être l’état social de la