lorsque deux ou trois familles seulement résident isolées en quelque point de la Côte ? Et ce cas est loin d’être exceptionnel. Va-t-on s’étonner de ce que ces pauvres gens, qui ont à peine les ressources nécessaires à leur subsistance, ne soutiennent pas une école à eux seuls ?
Je prie donc que l’on ne s’appuie pas sur les statistiques, quelles qu’elles soient, pour conclure que nos pêcheurs du golfe sont négligents sur le chapitre de l’instruction publique. Du reste, que les statistiques disent ce qu’elles voudront, ou plutôt qu’on les fasse parler comme on voudra, partout, dans la Province, les Canadiens-Francais désirent vivement que leurs enfants s’instruisent. Il n’y a pas besoin, pour s’en convaincre, d’être bien longtemps en contact avec la population. L’école et l’église, voilà des sujets de première importance pour notre bon peuple.
Il faut avouer que, pour l’église comme pour l’école, les conditions ne sont pas, sur la Côte Nord, les plus favorables que l’on puisse rêver. De même qu’il n’est pas possible à chaque petit groupe de familles d’entretenir une institution scolaire, de même il ne saurait y avoir dans chaque hameau un prêtre résidant : les ressources de ces petits villages seraient bien loin de suffire pour y assurer sa subsistance. Chaque missionnaire est donc chargé de la desserte d’une certaine étendue de la Côte, qui peut comprendre jusqu’à vingt ou vingt-cinq lieues de longueur ; et il a sa résidence soit dans le village le plus important, soit, et c’est le cas le plus ordinaire, dans la localité la plus centrale du territoire qui lui est confié.
Autrefois, c’est-à-dire il y a quinze ou vingt ans, les districts assignés aux missionnaires étaient d’étendue fort considérable, à cause du petit nombre d’ouvriers de l’Évangile qu’il y avait dans ce champ, assez inculte, du Père de famille. Mais à mesure que la population augmenta sur la Côte, à mesure que de nouvelles colonies s’établirent en divers endroits, il a