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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/43

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BETSIAMIS

vions pas rester davantage en ce lieu. J’y laissai donc ma valise de mission et une lettre où je priais le commis d’avertir les sauvages de m’attendre, l’année suivante, à pareille époque. — Arrivés là le 13 août, nous repartîmes le 15, pour défaire les 510 milles de la route que nous avions parcourue. Nous avions à traverser quinze lacs, à changer vingt fois de rivières, à franchir soixante et onze portages à travers les montagnes et les marécages. Et pour tout ce voyage, il ne me restait qu’une livre de poudre. Mais la Providence prit soin de nous. Sans avoir jamais aucune provision, nous avons toujours trouvé quelque chose avant les repas : canards, porc-épics, castors, perdrix ; et nous avons pu prendre régulièrement nos trois repas par jour. L’appétit, aiguisé par l’aviron et la marche dans les portages, était toujours excellent.

« L’année suivante (1867), je rencontrai à Mingan l’honorable Sir Donald Smith, qui attendait avec sa famille l’arrivée du steamer de la Compagnie, venant d’Angleterre. Je m’embarquai avec lui pour me rendre au poste de S. W. River, situé au fond de la baie des Esquimaux, où finit l’eau salée, à 130 milles de l’océan Glacial. À ce poste, je trouvai trente-deux familles chrétiennes, quatre qui n’avaient jamais vu de prêtre, et trente Naskapis infidèles descendus avec les commis. Je commençai l’instruction des infidèles ; mais comme chacun d’eux avait laissé deux ou trois femmes au fort Naskapis, je ne pouvais rien faire pour eux tant que je n’aurais pas régularisé leur position suivant les prescriptions de la religion chrétienne. Aussi, après avoir travaillé à leur instruction durant trois semaines, je montai avec eux jusqu’au fort Naskapis ou Petatstekupau[1] Dans ce voyage de 1200 milles de canot, j’ai baptisé 81 infidèles. »

L’année qui suivit (1868), le P. Babel retourna dans ce pays,

  1. Le fort Naskapis est à 536 milles N.-N.-O. de l’entrée de la baie des Esquimaux, à 574 milles N. de Mingan, et à 600 milles S. de la baie d’Ungava. Ces chiffres sont extraits du rapport du P. Babel. On trouve le récit de ce voyage dans les Annales de la Propagation de la Foi de Québec, année 1868.