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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/495

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GENS ET CHOSES DU LABRADOR ORIENTAL

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J’ai parlé plus haut de l’hospitalité qui distingue les pêcheurs du Labrador inférieur, comme du reste tous les habitants de la Côte Nord. Il ne faudrait pas s’imaginer, par exemple, que ces gens reçoivent le voyageur dans des huttes misérables. Ils habitent, au contraire, de bonnes maisons, peintes à l’intérieur, bien éclairées et généralement bien tenues.

L’ameublement, sans être luxueux, est convenable. C’est qu’il y a là-bas toute une industrie domestique qui permet de se pourvoir à peu de frais de beaucoup d’articles qu’il serait bien dispendieux de faire venir de Québec ou d’Halifax. Par exemple, ces beaux « prélarts » que vous voyez sur les planchers, qui soupçonnerait qu’on les a faits avec de la toile à voiles, que l’on a peinte en carreaux ? Je pourrais citer certaine femme métisse qui exerce à ses heures le métier d’ébéniste. Elle arrive à faire des chaises « berceuses » vraiment confortables avec… des barils qu’elle découpe de façon à laisser les bras et le dossier qu’il faut. Les gens se sont emparés de cette invention, et, avec des barils de différentes capacités, ils font des « berceuses » appropriées aux différents âges. Et pendant que les grandes personnes se prélassent dans leurs vieux barils à patates, les enfants se bercent dans… des tinettes !

Pour ce qui est de l’alimentation, les conditions sont à peu près les mêmes que celles dont j’ai déjà parlé, dans un chapitre précédent, au sujet du Labrador supérieur. L’automne, on s’approvisionne à bord des goélettes des traders, où l’on obtient, en échange des produits de sa pêche, ce qu’il faut de farine, de légumes, de lard et de bœuf salé. La chasse fournit de la viande fraîche, surtout l’hiver et le printemps.

Il paraît que, en somme, une famille de ce pays vit largement avec $300 par année.

Car il y a toujours bien une importante partie de la nourriture qui ne coûte rien : c’est le poisson.