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BETSIAMIS

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Du reste, personne, sur la Côte Nord, n’est plus populaire que le bon Père. Chez les blancs comme chez les sauvages, il est connu et révéré de toutes les familles. Et ce n’est pas étonnant. À qui et à quoi, de ce qui existe sur la Côte Nord, le P. Arnaud est-il resté étranger ? C’est au point qu’il n’y a pas jusqu’aux « beaux-arts » qu’il n’ait songé à promouvoir. Car s’il y a quelques beaux tableaux dans plusieurs chapelles de la Côte, à lui en revient le mérite.

Il eut un jour le dessein d’acquérir un tableau pour la chapelle de Betsiamis. Avant d’en envoyer la commande en Europe, il alla voir, en tout cas, le peintre Charles Hamel, de Québec, et lui demanda s’il pouvait disposer en sa faveur de quelque toile. Hamel lui en désigna une qui était au rebut dans son atelier : elle était, disait-il, d’un peintre canadien qui n’avait pu en obtenir un prix avantageux. Le P. Arnaud en fit l’acquisition pour une somme très modeste. C’est le beau tableau placé au-dessus du maître-autel, dans la chapelle de Betsiamis, copie de l’Immaculée-Conception de la Basilique de Québec. Il acheta aussi, au même atelier, un certain nombre d’autres toiles, provenant de la galerie du cardinal Fesch.

S’il est vrai, comme l’ont dit les journaux, que le P. Arnaud a construit, pendant son long apostolat, dix-sept chapelles dans les missions de la Côte Nord, il n’a pas dû éprouver beaucoup d’embarras pour utiliser les tableaux dont il avait fait l’acquisition.

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Il aime son pays d’adoption, le vieux missionnaire. Il a si longtemps vécu avec ses bons sauvages, qu’il est bien près de les regarder comme ses compatriotes. Il est pourtant arrivé qu’une fois, depuis près d’un demi-siècle, il ne passa pas l’hiver avec ses bien-aimés Montagnais. — L’histoire se montrera clémente, en signalant cette absence momentanée du vieux