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BETSIAMIS

estacade longue de quatre milles et qui comptait jusqu’à quarante-deux ancres et dix-sept mille pieds de chaîne : voilà ce qu’il y avait là en 1883, et qui donne une bonne idée de l’importance qu’avait alors cet établissement. Un bon nombre de navires transportaient à l’étranger le bois préparé à Bersimis.

En 1889, la société Girouard et Beaudet fut remplacée par la St. Lawrence Lumber Co., une compagnie composée principalement d’Anglais, qui fit faillite à la fin de l’année 1894.

Les « limites à bois » que l’on exploitait s’étendaient à l’intérieur des terres et jusqu’à Manicouagan.

Mais l’âge d’or de Bersimis n’est plus qu’une chose du passé. La population qui l’habite à présent est réduite à quelques familles trop pauvres pour se transporter ailleurs, et qui, durant l’hiver, fournissent les postillons, entre Betsiamis et Moisie. La scierie ne fonctionnant plus depuis l’année 1895, c’en est fini de Bersimis, car l’agriculture n’y pourra jamais remplacer l’industrie : il n’y a là que du sable. Et pour forcer ce sol ingrat à produire de beaux légumes et des céréales dorées, il n’y a pas ici, comme plus à l’est, les déchets de poisson ni surtout les goémons, engrais que la mer généreuse met partout, là-bas, à la disposition de ceux qui en ont besoin. D’ailleurs, dans notre belle Province, ce ne sera pas de sitôt que la terre cultivable sera devenue assez rare, pour qu’il faille absolument utiliser les sables de Bersimis.

Lundi, 29 juillet. — Les citadins ignorent généralement que l’un des épisodes les plus impressionnants qui marquent la visite pastorale dans les paroisses de la campagne, c’est la cérémonie funèbre que l’on célèbre dans le cimetière, situé presque toujours auprès de l’église.

À Betsiamis, cette solennité eut lieu dans la soirée du 29 juillet. L’évêque, précédé du clergé et de toute la population de la bourgade formée en longue procession, se rendit de l’église au cimetière où dorment de l’éternel sommeil les défunts de la tribu montagnaise. Le chant du Libera, toujours si émouvant,