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Ce moule, en fer doublé de bois pour le rendre plus maniable, se compose de deux parties, entrant l’une dans l’autre au moyen d’une coulisse et ne laissant entre elles que l’espace de la lettre qu’on doit mouler.

Matrice justifiée.

Quant à la matrice, elle n’est pas fixée au fond du moule ; elle y est seulement maintenue par des rainures, et on y attache un fil de fer qu’on appelle archet et qu’il suffit de tirer ou même d’agiter, car il fait ressort naturellement, pour chasser la lettre du moule.

Ceci disposé, l’ouvrier, tenant d’une main son moule, se place devant un fourneau circulaire supportant autant de creusets qu’il y aura de travailleurs ; ces creusets contiennent le métal en fusion, c’est-à-dire du plomb additionné d’une partie d’antimoine, qui varie entre dix et trente pour cent, selon la résistance que l’on veut donner aux caractères.

On ajoute même quelquefois un peu de cuivre.

De la main droite, le fondeur prend dans son creuset, avec une petite cuiller de fer munie d’un bec sur le côté, de façon à ce qu’elle n’ait que juste la capacité nécessaire, le métal en fusion pour fondre sa lettre : il le verse dans un moule, qu’il tient fortement serré dans sa main gauche ; il le laisse refroidir un instant ; puis ouvrant le moule, il fait tomber le caractère fondu au moyen d’un petit crochet de fer, qui est attenant au moule.

Chaque caractère se compose de quatre parties : l’œil, le corps, le pied et la hauteur. L’œil est la partie reproduisant en relief la lettre frappée en creux dans la matrice.

Le corps est l’épaisseur de la lettre, le pied ou tige est la partie quadrangulaire, quant à la hauteur c’est la longueur de cette tige, qui sauf en Angleterre, est à peu près uniforme en tout pays.

Sortant du moule, le caractère n’est pas encore propre à être employé et doit subir diverses opérations : la première