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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/132

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servent à la purification de ceux qui ont contracté certaines souillures[1]. Au même ordre de faits appartiennent certaines des communications qui s’établissent entre le sacrifiant et la victime à la suite du meurtre sacrificiel : il y a des sacrifices expiatoires où, la victime étant dépouillée, le sacrifiant, avant d’être complètement purifié, se tient sur la peau de la victime ou la touche. Ailleurs, on traîne la peau de l’animal dans le lieu pour lequel se fait l’expiation[2]. Dans des sacrifices plus complexes, dont nous aurons l’occasion de parler, l’élimination se complique d’une absorption. En somme, à bien considérer le sacrifice hébreu, la consécration de la victime s’accomplit de la même façon dans le ḫaṭṭât et dans l’‘olâ. Le rite de l’attribution du sang est simplement plus complet dans le premier sacrifice. Et il est remarquable que, plus l’attribution du sang est complète, plus l’exclusion expiatoire est parfaite. Lorsque le sang était porté dans le sanctuaire, la victime était traitée comme impure, et on la brûlait hors du camp[3]. Dans le cas contraire, la victime était mangée par les prêtres comme les portions consacrées du shelamim. Quelle différence y avait-il donc entre l’impureté de la victime du premier ḫaṭṭât et le caractère sacré de la victime du second ? Aucune : ou plutôt il y avait une différence théologique entre les sacrifices expiatoires et les sacrifices de sacralisation. Dans le ḫaṭṭât et dans les autres sacrifices, il y avait bien attribution du sang à l’autel, mais l’autel était divisé par une ligne rouge ; le sang du ḫaṭṭât était versé au-dessous ; le sang de l’holocauste, au-dessus[4]. Il y avait deux religiosités, dont la distinction n’était pas très profonde.

C’est qu’en effet, comme l’a bien montré Robertson

  1. Nomb. XIX.
  2. Voir plus haut, p. 75.
  3. Rituel du Kippour.
  4. Talmud J., Maaser Sheni, VI, Gem. (Voir Schwab, p. 247). Cf. Mischnâ de Middoth, citée ib.